Quand on arrive en ville

Fan de Charlie Chaplin, son film Les lumières de la ville a eu une grande influence sur ma façon d’arriver, pour la première fois (en 1978), à la capitale et d’en appréhender la réalité tentaculaire.

Les lumières de la ville – Bande-Annonce VOSTFR

La ville, je connaissais certes un peu, puisque j’avais quitté mon département rural pour mes études à Toulouse et que j’y avais commencé ma vie professionnelle, mais décider de partir en congés à l’étranger en allant prendre l’avion à Paris fut une grande première, lors de laquelle rien ne s’est passé comme prévu et tout aurait pu être vu comme un gag dans un film de Charlot ! 😉

Une arrivée en ville est à chaque fois différente. Quelle que soit celle où l’on arrive, route et voie ferrée se rejoignent un peu pour traverser conjointement les zones industrielles de la périphérie, les banlieues plus ou moins sinistres et leurs zones commerciales. Le dénominateur commun pour le rail, c’est la convergence des voies vers un point unique, la gare, qui nous offrira un déploiement en fonction du nombre de ses quais, quant à la route, selon l’heure, le jour ou la saison, ce sera des autoroutes embouteillées ou en travaux qui traverseront les mêmes paysages. Pas très glorieux n’est-il pas ?

Pour s’en affranchir, l’avion reste le moyen idéal de prendre de la hauteur et d’aborder la ville avec une relative légèreté, après avoir traversé la couche nuageuse qui l’entoure souvent, mais il faudra ensuite attendre ses bagages, prendre un bus ou un taxi et se retrouver à traverser une banlieue avant d’arriver à sa destination que l’on avait peut-être survolée…

Daniel Balavoine – Quand on arrive en ville (1978)

Je n’ai pas de photo de moi lors de ce voyage en 1978, mais je suppose que je faisais, moi aussi, très gamine à mon arrivée en ville ! 😉

Portez-vous bien ! ♥

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De la comédie humaine

La formule date de 1841 et nous la devons à Honoré de Balzac, elle englobe sous ce vocable toutes ses œuvres signées, écrites depuis 1829. La comédie humaine s’est poursuivie jusqu’à sa mort en 1850. Auteur prolifique, il m’a sûrement été imposé d’où la quasi absence de ses livres dans ma bibliothèque, à moins que ce ne soit lié à l’époque, parce que j’ai le même problème avec Émile Zola, pourtant plus jeune…

Et c’est très curieusement une scène, avec éventail, du dernier film de Hans Detlef Sierck en 1937 (après son départ d’Allemagne, il s’appellera Douglas Sirk), La Habanera (tourné, en raison de la situation politique, à Tenerife), qui me fera quand même penser à Balzac ! Ana Sternhjelm (jouée par Julia Serda), la tante qui chaperonne Astrée Sternhjelm (la sublime Zarah Leander) lors d’un voyage à Porto-Rico, lui reproche devant Don Pedro de Avila (Ferdinand Marian), personnalité omniprésente de l’île, de préférer lire des romans insipides plutôt que le guide du maniement de l’objet de communication non verbale, le code de la coquetterie utilisé par toute femme qui se voulait respectable…

Être ou paraître, c’est aussi la question que je me suis posée quand j’ai quitté la capitale et qu’il m’a fallu meubler la pièce d’apparat de la maison pour ne pas me faire cataloguer comme asociale irrécupérable dès mon arrivée, et trouver un canapé qui me convienne en s’accordant, à la fois à ce que j’avais déjà ainsi qu’aux murs en pierre apparente, sans être trop rustique et, en plus, sans être dans le même style que celui de mes belles-sœurs… J’avoue avoir eu un peu de mal à l’adopter et m’être demandé si je vivais réellement ma vraie vie ou si j’étais en représentation et jouais un rôle non encore écrit !

La habanera

Pour en revenir à La Habanera (qui s’accorde géographiquement et historiquement avec mon livre de chevet en cours), et à la suite des aventures mélodramatiques d’Astrée et de Don Pedro, qui mérite d’être connue tellement je l’ai trouvée drôle, c’est en replay sur => Arte jusqu’au 30/07/2023 ! 😉

Ya rayi ! Le vocodeur ou le raï 2.0

Au tout début, il y avait la voix, avec quelques instruments traditionnels…

Chiekha Rimitti (J’ EN AI MARRE) Le dernier live au Satellit Café Paris de la reine du Raï .

… qui sont devenus, en suivant le cours de l’histoire, plus modernes…

Le chanteur Algérien Boutaiba Sghir (1)

… puis il y a eu la vague des cheb et cheba qui ont popularisé le genre hors de ses terres oranaises, en passant par Marseille et Lyon, pour arriver à Barbès…

Cheb Khaled _ Chebba 1995

… mais le cheb a grandi, il est devenu Khaled, c’est la vie ! 😉

Rachid taha,khaled,faudel – Ya rayah live 1,2,3 soleils

Aujourd’hui, l’abus d’effets sonores sur les voix (ce qui fait que n’importe qui peut, aujourd’hui, juste dire un texte -le voice coder faisant le reste- et se prendre pour une star du genre), après l’abandon des instruments traditionnels, m’a suffi et j’ai passablement décroché, même si les mélodies évoquent toujours une certaine forme de voyage…

Cheb Adoula 2022 Avec Cheba Nina ( Balek Tensa بالاك تنسا ) Vidéo Music 2022

Il sera peut-être cheikh un jour, mais en attendant, je trouve très drôle que ce soit un hadj qui ait retracé, sous forme d’une mini-série de 6 épisodes de moins de 20 minutes, ce courant musical sur Arte. Alors si vous aimez le blues, le fado, mais que vous voulez aussi que ce soit festif, ne ratez pas => Raï is not dead par Hadj Sameer, la série est disponible jusqu’au 29/12/2025 ! 😉

Une histoire d’amour…

Parfait pour bien continuer la semaine, non ?

Sága krásy – Slovak folk music. A ja taku milu mam. Eastern Slovakia.

Bien sûr elle date un peu… Elle est interprétée par Michal Seredič accompagné par l’orchestre d’Olun (vidéo suivante), et luxe suprême, les paroles en slovaque sont sous la vidéo ! 😉

Jozef Peško & Oľun – Goralské nôty z hornej Oravy

Les amateurs de danse devront peut-être s’entraîner, un peu, pour tenter de séduire leur belle coquette dont est secrètement amoureux l’un des violonistes, qui se fera beaucoup prier (ou pas, je n’ai pas vu ce film, ni lu la nouvelle) ! 😉

goralské tanečné sólo – z filmu Balada o Vojtovej Maríne

Bonne journée à vous ! ♥

Lendemains difficiles…

Vous n’avez que jusqu’au premier février pour vous faire une idée de ce qu’ont vécu vos parents ou vos grands-parents après la fin du conflit 1939-1945. Merci au travail de Kurt Mayer, visible sur Arte.

Je n’y ai certes pas trouvé (une seule phrase évoque la tragique situation, toujours occultée, des ressortissants baltes et polonais) toutes les réponses à mes questions (ni d’ailleurs à celles que le décès prématuré de mon père ne m’a pas permis de lui poser -je n’avais que 13 ans- et dont la seule trace de ses lendemains de guerre est une énigmatique photographie avec de parfaits inconnus trouvée dans ses papiers), mais cela m’a permis de comprendre comment son vœu pieux (il n’avait pas d’autre faux-choix entre la prison pour désertion sans avoir fait l’armée -raflé à 15 ans- ou le goulag pour avoir travaillé en tant qu’esclave pour les occupants allemands s’il choisissait de rentrer chez lui en marchant, et le train pour une possible meilleure vie quelque part ailleurs et vers l’ouest) de partir rejoindre son oncle aux USA n’avait pas abouti à un projet couronné des lauriers de la réussite, il y avait trop d’obstacles sur son chemin. Il n’a jamais revu sa sœur et ses frères et n’a pas pu assister aux obsèques de ses parents… 😦

Source de la copie d’écran : Arte

Les conclusions de ce travail sur des archives, peu connues du grand public, ne m’étonnent pas du tout. Les traumatismes subis par les témoins directs ont été invariablement transmis aux générations suivantes (et ce, même de façon inconsciente), enfants et petits-enfants (une pensée à mon jeune frère et à sa fille qui n’ont pas terminé leur visite d’Auschwitz, lequel était, avant de devenir d’extermination, le camp de triage et d’affectation des travailleurs obligatoires, je n’y étais pas, mais n’avais pas pu faire celle du Mémorial Yad Vashem à Jérusalem, j’avais préféré attendre mon groupe en comptant les arbres, vivants, eux !) en portent encore les stigmates notamment ceux qui en sont toujours à se demander qui ils sont réellement, quelle est leur place dans le monde aux frontières arbitraires d’après Yalta, et à quelle identité peuvent-ils se raccrocher quand ils n’ont plus de racines… coucou, c’est tout moi !

Livraisons

Sur ma table de chevet, un livre très sérieux a remplacé le roman policier qui abordait un aspect un peu particulier du terrain, et auquel nous ne sommes pas encore totalement habitués : dans un monde d’hommes, un certain nombre de femmes méritantes essaient de se faire une place…

D’Olivier Norek, je n’ai pas tout lu, et encore moins dans l’ordre de parution, puisqu’il faut que je trébuche sur ses livres quand le rayon du pas supermarket local a été regarni et je peux vous garantir que c’est plutôt fait en dépit du bon sens élémentaire, comme d’ailleurs tout le reste… Alors, pour celui-ci, relatant la convalescence occitane et le retour en grâce (pour sa hiérarchie) de la capitaine Noémie Chastain, blessée en opération en région parisienne, qui se refait une santé en fouillant, au péril de sa vie (tout n’est pas aussi calme dans nos campagnes que les apparences ne le laisseraient à penser), dans la vase d’un village englouti, avec ses secrets, vingt-cinq ans plus tôt, par les eaux du barrage hydroélectrique, voulu par Mr le Maire, j’en dirai que la fin me convient assez bien car je n’ai pas oublié ma frustration concernant celle, à mes yeux ratée, d’Entre deux mondes que j’avais lu précédemment ! 😉

WESELE reż. Andrzej Wajda [zwiastun]

Pour le second, il ne pourra tomber qu’entre les mains de lecteurs avertis, qui auront, soit vu Wesele, la pièce de théâtre de Stanisław Wyspiański, écrite en 1901, très rarement jouée en France, soit visionné le film Les Noces, d’Andrzej Wajda (1973), plus accessible, et qui voudront comprendre tout ce qui n’est pas dit entre les lignes relativement simples de l’intrigue (un poète de bonne famille épouse une paysanne) pour les spectateurs, plus d’un siècle après les faits. C’est un classique que tous les élèves polonais ont eu au programme, alors que, vu d’ici, le sens caché nous est passablement nébuleux car il nous manque des éléments-clés (dévoilés par Franciszek Ziejka et traduits par Jedrzej Bukowski) pour le décrypter ! 😉

Un peu de douceur…

… dans un monde de brutes, pour bien commencer la semaine, avec, en plus, de sublimes images ! 😉

Ne vous laissez pas abuser par le mot relaxation, il n’est pas du tout question d’une quelconque secte du bien-être, c’est par le visionnage du bouleversant film de Radu Mihaileanu, sorti en 2005, Va, vis et deviens (trouvé, par pur hasard, dans les archives oubliées du replay de TF1) que j’ai (re)découvert les musiques d’Armand Amar agrémentées par l’incontournable duduk de Lévon Minassian.

Relaxation : Armand Amar & Levon Minassian

Le film dont la bande-son est en partie utilisée dans cette vidéo, lui, fait référence à une spectaculaire opération de sauvetage d’une partie d’un camp de réfugiés éthiopiens au Soudan, datant de 1984, et traite plus particulièrement, de la difficile adaptation de l’un d’entre eux, dans son nouveau pays d’accueil.

Il est évident que ce n’est pas à mettre en balance avec le traditionnel retour de la magie du film de Noël dont nous verrons très certainement au moins un ou deux échantillons (la saison est courte), mais un peu de réflexion sur des sujets graves ne nuit pas, surtout quand elle nous permet de voir, avec d’autres yeux, certains faits divers inexplicables à l’aune de notre vie, somme toute très confortable.

Bonne semaine à vous ! ♥