Une page d’histoire…

Tout d’abord voici deux livres qui me font envie, mais que je me vois mal commander chez le libraire-bureau de tabac local, l’expérience d’un cadeau de Noël, certes un peu exotique, mais traduit en français, commandé fin octobre et qui n’est arrivé qu’après les fêtes (et encore, en allant le relancer trois fois) m’a servi de leçon… si je les veux absolument, une seule possibilité, un mail avec les références à la librairie polonaise à Paris et je les aurai en environ 15 jours s’ils n’y sont pas en stock.

Copie d’écran de la vidéo : Świat Bojków i Łemków

Ils présentent les peuples des Carpates avant que de nombreux événements tragiques (Akcja „Wisła” 47 pour les derniers) ne concourent à les désertifier, en deux livres signés en 2014 par Andrzej Karczmarzewski, très largement alimentés par les clichés pris avant la Seconde Guerre mondiale par Roman Reinfuss, l’excellent ethnographe, expert en art populaire des montagnes de Podkarpacie.

ŁemkowieMuzeum Okręgowe w Nowym Sączu

Si les Lemkos sont partiellement revenus dans leurs montagnes (avec, entre autres, le soutien de ceux partis avant les événements) et semblent bien organisés en temps que minorité ruthène, les Boykos par contre sont remarquablement discrets sur leurs origines et leur culture, à moins qu’ils ne se soient totalement assimilés sur leur lieu d’exil (différent de celui des Lemkos), quelque part dans l’immensité de l’empire socialiste soviétique… Il n’est pas fait mention de la troisième de ces minorités, sur le territoire polonais entre les deux guerres, mais située à l’est et non au sud, les Hutsules qui sont désormais côté ukrainien. Il y en auraient d’autres, connues seulement des spécialistes de la Ruthénie.

Tout cela ne m’a jamais suffi à identifier avec certitude à quelle minorité appartenait mon église préférée, la cerkiew św. Dymitra de Piątkowa Ruska (voir mes photos de 2006 => ici), chose que le titulaire de la clé ne nous a pas révélée quand il nous a ouvert la porte, pas plus qu’il n’a évoqué une quelconque appartenance des vandales qui l’ont saccagée en 1947.

Bonne semaine à vous, sachez toutefois que toute vie n’est qu’un mince fétu de paille qui ne tient qu’à un fil, et que le vent peut souffler de n’importe où pour vous emmener, contre votre volonté, essaimer loin de vos racines ! ♥

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Livraison

Ce pavé de 756 pages, qualifié d’incontournable par l’émission Le magazine de la santé de France 5, m’a laissé un souvenir mitigé et avec la question, en suspens depuis un moment, dois-je en parler ou pas ?

Certes, Gérard Collard est libraire et chroniqueur, mais, même si des membres du corps médical évoluent dans le roman, le magazine de la santé (dont j’ignore totalement le contenu habituel) n’a pas les compétences pour me conseiller la lecture d’un livre, et j’aurais dû y réfléchir plus longuement avant de me laisser tenter par le sujet ! 😉

Sorti chez Pocket en 2019, ce livre, qui est un premier roman, aurait, selon Lisez.com, connu un succès phénoménal, si bien que, trois suites sont parues depuis, et que l’intégrale (des 4 livres) est annoncée pour le mois de mai…

… mais, je pense me limiter à ce premier volume et à la lecture des commentaires chez Babelio.com pour les suites, le fait que le rayon livres du (pas) supermarket local soit mal géré m’évitera de perdre mon temps à les chercher car la couverture ne laissait en rien présager que c’était le premier tome d’une série.

Vienne pendant les années 30 restera, chez moi, toujours plus tentante que New York pendant les années 60, époque et lieu où se situe le tome 2 (sauf musicalement parlant, la grosse pomme ne m’inspire plus). La montée en puissance du dictateur nazi, le climat politique qui se dégrade, les premiers départs pour l’exil, ceux qui tardent trop et ratent les opportunités pour ne pas abandonner les parents qui ne veulent pas partir et croient que leur vieillesse les protègera… c’est assez bien écrit et décrit.

Si les péripéties du voyage et surtout le rôle ambigu de l’Agence Juive et de la Dorsa ont été une révélation, j’ai aussi beaucoup aimé visiter (de loin) les Caraïbes sous le régime de Trujillo, mais, une fois la paix revenue, la suite, avec ses hésitations, m’a moins séduite.

Luis Alberti – El Desguañangue (Merengue)

Une autre chose m’a beaucoup perturbée au cours de ma lecture, c’est de ne pas exactement savoir où je me situais, tantôt j’étais dans le livre, avec Les Déracinés, comme dans tout bon roman, mais la page d’après, j’étais juste une observatrice extérieure à l’action, presque dans un documentaire. Ce basculement incessant entre deux états de perception me fait encore douter de ce que voulait faire Catherine Bardon, la romancière.

Que cette impression purement subjective et strictement personnelle, ne vous empêche pas de tenter le voyage, même si je choisis de rester sur le quai ! 😉

De la comédie humaine

La formule date de 1841 et nous la devons à Honoré de Balzac, elle englobe sous ce vocable toutes ses œuvres signées, écrites depuis 1829. La comédie humaine s’est poursuivie jusqu’à sa mort en 1850. Auteur prolifique, il m’a sûrement été imposé d’où la quasi absence de ses livres dans ma bibliothèque, à moins que ce ne soit lié à l’époque, parce que j’ai le même problème avec Émile Zola, pourtant plus jeune…

Et c’est très curieusement une scène, avec éventail, du dernier film de Hans Detlef Sierck en 1937 (après son départ d’Allemagne, il s’appellera Douglas Sirk), La Habanera (tourné, en raison de la situation politique, à Tenerife), qui me fera quand même penser à Balzac ! Ana Sternhjelm (jouée par Julia Serda), la tante qui chaperonne Astrée Sternhjelm (la sublime Zarah Leander) lors d’un voyage à Porto-Rico, lui reproche devant Don Pedro de Avila (Ferdinand Marian), personnalité omniprésente de l’île, de préférer lire des romans insipides plutôt que le guide du maniement de l’objet de communication non verbale, le code de la coquetterie utilisé par toute femme qui se voulait respectable…

Être ou paraître, c’est aussi la question que je me suis posée quand j’ai quitté la capitale et qu’il m’a fallu meubler la pièce d’apparat de la maison pour ne pas me faire cataloguer comme asociale irrécupérable dès mon arrivée, et trouver un canapé qui me convienne en s’accordant, à la fois à ce que j’avais déjà ainsi qu’aux murs en pierre apparente, sans être trop rustique et, en plus, sans être dans le même style que celui de mes belles-sœurs… J’avoue avoir eu un peu de mal à l’adopter et m’être demandé si je vivais réellement ma vraie vie ou si j’étais en représentation et jouais un rôle non encore écrit !

La habanera

Pour en revenir à La Habanera (qui s’accorde géographiquement et historiquement avec mon livre de chevet en cours), et à la suite des aventures mélodramatiques d’Astrée et de Don Pedro, qui mérite d’être connue tellement je l’ai trouvée drôle, c’est en replay sur => Arte jusqu’au 30/07/2023 ! 😉

Lendemains difficiles…

Vous n’avez que jusqu’au premier février pour vous faire une idée de ce qu’ont vécu vos parents ou vos grands-parents après la fin du conflit 1939-1945. Merci au travail de Kurt Mayer, visible sur Arte.

Je n’y ai certes pas trouvé (une seule phrase évoque la tragique situation, toujours occultée, des ressortissants baltes et polonais) toutes les réponses à mes questions (ni d’ailleurs à celles que le décès prématuré de mon père ne m’a pas permis de lui poser -je n’avais que 13 ans- et dont la seule trace de ses lendemains de guerre est une énigmatique photographie avec de parfaits inconnus trouvée dans ses papiers), mais cela m’a permis de comprendre comment son vœu pieux (il n’avait pas d’autre faux-choix entre la prison pour désertion sans avoir fait l’armée -raflé à 15 ans- ou le goulag pour avoir travaillé en tant qu’esclave pour les occupants allemands s’il choisissait de rentrer chez lui en marchant, et le train pour une possible meilleure vie quelque part ailleurs et vers l’ouest) de partir rejoindre son oncle aux USA n’avait pas abouti à un projet couronné des lauriers de la réussite, il y avait trop d’obstacles sur son chemin. Il n’a jamais revu sa sœur et ses frères et n’a pas pu assister aux obsèques de ses parents… 😦

Source de la copie d’écran : Arte

Les conclusions de ce travail sur des archives, peu connues du grand public, ne m’étonnent pas du tout. Les traumatismes subis par les témoins directs ont été invariablement transmis aux générations suivantes (et ce, même de façon inconsciente), enfants et petits-enfants (une pensée à mon jeune frère et à sa fille qui n’ont pas terminé leur visite d’Auschwitz, lequel était, avant de devenir d’extermination, le camp de triage et d’affectation des travailleurs obligatoires, je n’y étais pas, mais n’avais pas pu faire celle du Mémorial Yad Vashem à Jérusalem, j’avais préféré attendre mon groupe en comptant les arbres, vivants, eux !) en portent encore les stigmates notamment ceux qui en sont toujours à se demander qui ils sont réellement, quelle est leur place dans le monde aux frontières arbitraires d’après Yalta, et à quelle identité peuvent-ils se raccrocher quand ils n’ont plus de racines… coucou, c’est tout moi !

La fin d’une époque

Source de la copie d’écran : La Dépêche

Selon le côté du rideau de fer où nous nous situions, pour nous, il fut celui qui mit fin à la guerre froide et laissa tomber le mur de Berlin, nous lui devons de connaître les mots russes de perestroïka et glasnost, mais cette période fut vécue avec moins d’enthousiasme par certains de ceux qui, de l’autre côté, ont vécu la chute de l’empire soviétique. RIP.

La chute du Mur de Berlin (1989)

Pour qui veut avoir un aperçu de la complexité du personnage, la chaîne Arte rediffuse En aparté, le documentaire de Vitaly Mansky sorti en 2020 (disponible en replay jusqu’au 28 février 2023)…

Femme de conviction

Source de la copie d’écran : La Dépêche du Midi

Blessée lors de l’attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour en décembre 1983, puis condamnée à la double peine par le scandale du sang contaminé, Françoise Rudetzki n’a eu de cesse que les victimes ne soient représentées et entendues (nous lui devons la création de l’association SOS Attentats, la première du genre, dissoute en 2008), et n’a jamais baissé les bras puisqu’elle est à l’origine de la création, en février 2019, du Centre national de ressources et de résilience. Respect et condoléances à sa famille.