Soirée anniversaire

Pierre Perret – « 50 ans de chansons » Concert à l’Olympia de Paris (29 Octobre 2006)

C’est un peu différent de la poésie de son aîné, le libertaire de Sète (1921-1981) parti trop tôt (Prix Vincent-Scotto en 1963, Grand prix de poésie de l’Académie française en 1967 et Prix Tenco en 1976), mais, s’ils n’ont pas eu les mêmes distinctions, pour moi, ils boxent dans la même catégorie, celle de la bonne chanson française à texte ! 😉

Georges Brassens – Les Trompettes De La Renommée

Belle journée à vous !

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Le Mal

Poème écrit par Arthur Rimbaud (1854-1891) en 1870 (guerre franco-prussienne, chute du second Empire après la capitulation de Sedan et perte de l’Alsace et la Lorraine) il fait partie du premier Cahier de Douai confié par son auteur adolescent, au retour d’une fugue, à Paul Demeny, qui l’a un peu oublié, il aurait été publié en 1891.

Rudolf Escher – Univers de Rimbaud (Ténor : Jean Giraudeau)

J’ai été très étonnée de recevoir (merci à MP qui se reconnaîtra), fort à propos, une photographie d’une page manuscrite signée, que j’ai retranscrite et vous propose, parce que ce poème n’a pas trop mal vieilli, seules les couleurs des uniformes ont changé ! 😦

Le Mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…

Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

Arthur Rimbaud

Le manuscrit de mon image ressemble étrangement beaucoup à celui-là. 😉

Une fille pas comme les autres…

… dont j’ai toujours aimé, de façon inconditionnelle, la fêlure dans la voix, tout comme son côté terriblement écorchée vive. Qui peut, sans sourciller, dire d’elle-même : « Je n’ai jamais été normale, mais je suis normalement excentrique » ? Je n’en connais qu’une, la très iconique pré-punk, non apathique, que j’appelle affectueusement la Patti. 😉

(People Have The Power Choir, Patti Smith & Stewart Copeland)

On peut aussi préférer la même chanson par Patti Smith & U2, j’ai hésité longuement entre les deux versions. 😉

Elle a aussi déclaré : « le peuple doit se réveiller, assumer plus de devoirs civiques et de responsabilités. Si vous êtes entourés de choses injustes, impures, qui doivent être changées, ne restez pas assis à ne rien faire, utilisez votre voix ! Descendez dans la rue, c’est une année d’élection !« 

Ce documentaire sur Arte => Patti Smith, la poésie du punk (disponible seulement jusqu’au 7 mars), j’ai bien failli le rater et c’eût été une grave erreur de ma part ! Il est très bien fait, pour ne pas le dire génialissime ! Votre liberté sera de le regarder… ou pas ! 😉

Si je ne crois pas la voir un jour sur scène, lui, je l’ai bien vu (il étais plus jeune d’environ 1/4 de siècle et donc très remuant) et avais beaucoup aimé Samba Pa Ti et la fiesta mexicaine ! 😉

Krótki film o miłosci

Volet numéro 6 du Décalogue de Krzysztof Kieślowski (1941-1996), je viens de revoir une énième fois ce film réalisé en 1988, disponible sur Arte jusqu’au 14 février 2022 (en versions soit française, soit originale sous-titrée en français, soit allemande).

… et si j’avais été dans une salle de cinéma j’aurais applaudi la dernière scène dont j’ai enfin remarqué toute la poésie subtilement soulignée par la musique minimaliste de Zbigniew Preisner à qui l’on doit le sublime Requiem dla mojego przyjaciela.

Faut-il croire que j’aurais pu dormir du sommeil du juste lors des autres visionnages ? Mystère ! Cela m’arrivait aussi en salle, que j’y aille seule ou accompagnée ! 😉

En gare de Cahors…

Lointaine époque que celle de mon baccalauréat à Cahors… l’histoire familiale personnelle avait fait, qu’avec d’autres lycéens non accompagnés par leurs parents le jour J, j’avais dû rejoindre un hébergement religieux la veille (peut-être avec un trajet commun en bus ?), passer les épreuves écrites le lendemain, je ne sais plus à quel endroit dans la ville, puis devoir y retourner pour les oraux par mes propres moyens, et rentrer seule après, en train cette fois, un jour de grève SNCF, alors que nous n’utilisions plus qu’occasionnellement ce mode de transport !

Cela avait voulu dire, aller à Brive-la-Gaillarde, par le train de 6h en provenance d’Aurillac (ligne actuellement en travaux), prendre la correspondance pour Toulouse et descendre à Cahors, me présenter aux épreuves orales en croisant les doigts pour avoir tout terminé à temps pour que je puisse prendre le train-retour et rentrer chez moi avant minuit… mais, suite à la grève des cheminots, j’avais dû prendre, sur les injonctions d’un guichetier excédé, un train pour une autre direction que la mienne, dont je ne connaissais pas le trajet, ne sachant pas qu’il y avait 2 gares St Denis différentes (-Catus et -près-Martel), aucun préposé à casquette pour me renseigner, ni de plan pour visualiser le trajet, et c’est ainsi que j’avais passé la moitié de la nuit sur un banc sur le quai (salle d’attente fermée) à St Denis-Catus, puis pris le 1er train qui s’était arrêté sans savoir où il allait, pour échapper à un rôdeur qui m’importunait, descendre dès que possible, et, avec un peu de chance, dans un endroit que je connaissais (St Denis-près-Martel ou Brive) et y attendre le train pour Aurillac qui me laisserait à 5h du matin dans mon village de l’époque (l’angoisse de ma mère quand on sait que l’on vivait encore au rythme des échanges par courrier et que téléphones privés et cabines publiques étaient très rares dans nos campagnes)…

(Source de l’image QuercyRail)

Cette gare est aujourd’hui devenue faussement célèbre (selon La Dépêche du Midi) car les lycéens qui n’ont pas été séduits par l’un des 3 sujets de dissertation proposés, ont dû plancher pendant 4 heures lors de l’épreuve anticipée de français, sur un poème de Valéry Larbaud (1881-1957) publié en 1913 qui immortalisait l’ancienne gare (désaffectée et transformée ensuite en logements, puis en médiathèque) en service entre 1869 et 1884 sur la ligne Libos-Cahors (extension vers Agen, puis Bordeaux), avant la construction en 1884 du bâtiment actuel pour la ligne Montauban-Brive (devenue POLT, soit Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, à l’évolution toujours passablement incertaine puisque non TGV).

Pour moi, un siècle plus tard et toujours un air de déjà vu, l’avenir de la ligne POLT est un sujet sensible, malgré les belles promesses de nos politiques, on veut absolument nous faire passer par Bordeaux ou par Lyon selon notre destination dans le département du Lot, alors qu’elle fonctionnait très bien à l’heure du train Le Capitole…

… oui, je sais, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître !

Par contre, il ne faut pas croire que l’Occitanie soit la seule région concernée, essayez d’aller de Cahors à Saumur, par la POLT en descendant à Orléans (à défaut de Vierzon où il n’y avait pas la correspondance)…

… sans passer par Bordeaux, Paris, Le Mans et Angers, c’est passionnant, autant dans un sens que dans l’autre pour le retour (pour ne pas dire usant et même franchement désespérant !) 😉

Poésie médiévale

C’est à partir de la chanson Czarny Kot par Sława Przybylska, figurant sur l’album Dobre Piosenki en hommage à Bułat Okudżawa (Булат Окуджава / Boulat Chalvovitch Okoudjava) que le nom de François Villon associé à ceux de Sława Przybylska et Marian Opania dans le titre Modlitwa, m’a amenée à ce voyage dans le temps…

Premier poète maudit, son nom est, en France, immédiatement associé à la Ballade des pendus, lue par les plus grands comédiens, ailleurs c’est sa Prière qui a été choisie pour le message d’un espoir en un monde meilleur que l’on peut y trouver… et c’est curieusement par le très soviétique Boulat Okoudjava qu’elle nous revient, d’abord en russe, puis en polonais (version Stanisław Młynarski), ou même en anglais 😉

Les versions par des artistes féminines ne sont pas en reste avec, au choix, Regina Spektor, Anna Pruchnal, Kaja Cyganik en russe, Sława Przybylska, Hanna Banaszak et Edytta Geppert en polonais…

On peut tout aussi bien leur préférer des prières plus modernes, sans aucun rapport avec celle d’Okoudjava, comme Modlitwa o wschodzie slonca par Przemysław Gintrowski, Zbigniew Łapiński et Jacek Kaczmarski, ou bien celle intitulée simplement Modlitwa de Tadeusz Nalepa et Breakout (ou avec le groupe Dżem), non moins empreintes de signification 😉

Demain…

… ou après-demain, il neigera, ici ou ailleurs, ou tout simplement sur votre écran.

Ce qui tombait ce matin chez moi m’a fait penser à ce poème de Yukikazu Sakurazawa, plus connu chez nous sous le patronyme Georges Ohsawa, le pape de la macrobiotiqueune philosophie de vie, fondée sur le principe taoïste de la complémentarité yin et yang :

 

Il neige

Il neige sans aucun bruit
La neige tombe
Couvrant les toits qui protestent
La tour arrogante de l’église et l’humble forêt
Je contemple
La neige qui tombe
Les yeux grands ouverts
Comme Alice au pays des merveilles
La neige blanche tombe du ciel gris
Sans cesse Infiniment
La neige est belle
Quelle merveille la neige qui tombe sans arrêt
Je contemple la neige
Qui tombe du ciel
Comme un primitif
Qui voit la neige
Pour la première fois
Je ne pense pas
Je contemple
La neige qui tombe
Je la suis
Je tombe avec la neige
La neige qui danse
Furieusement
Gracieusement
La neige qui saute
Vers le ciel
La neige qui traverse l’horizon
La neige qui faufile le ciel
En grande spirale
En petite spirale

La neige

J’entends la chanson que je chantais
Dans mon enfance
Lorsqu’il neigeait
Regarde la neige
La neige qui tombe
Sans rien dire
Non
Elle parle
De beaucoup de choses Blancheur du visage de la fille morte
Sa vie éphémère
Vie misérable de l’homme
Le temps
Oui passe
Vie sanglante des héros
Vie solitaire des penseurs
Rêve des braves aventuriers
Oui ont failli
Tragiquement

Amour flamboyant des jeunes
Malheur bonheur
Joie tristesse
Mensonges et traitrises
Des découvertes scientifiques

Ponce Pilate
Jésus
Grandeur et chute des Romains
Savants emprisonnés
Et brulés vifs par l’Inquisition
Napoléon défait à Moscou
Verdun et ses champs de morts
Mille et milliers d’hommes tués journellement
Sur des tables d’opérations
Tout était illusion
Sur l’écran blanc de la vie

La neige raconte
Silencieusement
Froidement
Sur son écran blanc
Toutes les histoires de l’homme

Au mot fin d’un film
L’écran blanc
N’intéresse personne
Personne ne s’intéresse
A de la neige blanche
La neige qui couvre
Toute saleté
Toute tristesse
Tous les crimes
Toutes les ruines
Horribles de la guerre
Toute la bêtise de l’homme

La neige est l’écran blanc
Triste et silencieux
Qui nous fait voir
Toutes les scènes
Des tragédies
Des comédies
De l’homme

Il neige
Regarde bien
La neige est l’écran blanc
De l’infini
Ou s’entrevoit
L’Expansion
L’expansion infinie

La neige est belle
Silencieuse
Extraordinairement
Éloquente
La neige
La merveille

Celui qui ne contemple pas la neige
Avec la joie d’un enfant qui écoute
Sa mère raconter une histoire passionnante
Est aveugle de neige
Il ne voit toute sa vie
Que mauvais rêves et cauchemars

Car au-delà du monde où il neige
Au-dessus des nuages de neige
Il y a un autre monde où le soleil brille
Et au-delà encore
Il y a un autre monde
Où ni lumière ni ténèbre
Ni chaud ni froid ni blanc ni noir
Ni vie ni mort
N’existent

C’est là l’éternité L’expansion infinie
Qui crée la neige de la vie Des étoiles
Des galaxies
Toujours
Encore et toujours